Le 25 novembre 2019
Le témoignage fort d’Adèle Haenel et l’enquête pointue menée par Mediapart nous ont remuées, on tenait à vous le re-diffuser en ce 25 Novembre. On en a parlé entre nous, on souhaite vous faire part de ce qu’on en retire, en tant que militantes féministes.
Sortir de la culture du viol, c’est tout l’enjeu.
Une société nourrie par la culture du viol, c’est une société stérilisante pour la pensée, et mortifère, principalement pour les femmes et les enfants. Pour en sortir, il faut savoir la nommer, et échanger à ce sujet : qu’est ce que cette culture ? Comment est-elle produite et alimentée ? Les pistes pour en sortir nous paraissent être celles-ci :
– pouvoir se penser et se dire victime (car si pas de victime, pas d’agresseurs), couper court aux sentiments de honte et de culpabilité.
– briser le tabou tenace de la pédocriminalité
– écouter les récits des victimes ET les croire (en particulier les familles et les entourages)
– jouer son rôle de témoin pour que la dénonciation ne repose pas que sur les victimes et ainsi prendre part à la responsabilité collective, tout en assurant son soutien aux victimes et les reconnaître en tant que telles
– reconnaître que les agresseurs sont le produit de notre société. Ce sont nos pères, nos frères, nos amis, nos collègues. Le patriarcat est à l’intérieur des familles. Ce ne sont pas des monstres sortis de nulle part.
– penser et travailler à mettre en œuvre une justice réellement égalitaire et équitable, du dépôt de plainte au jugement, avec du personnel formé en ce sens. 1 viol sur 10 voit ses instigateurs condamnés, et encore, souvent en correctionnelle alors que ce devrait être aux assises (c’est un crime et non un délit)
– se donner les moyens adéquats, en tant que société, pour se doter des outils qui nous permettront d’observer et d’analyser cette culture du viol, les mécanismes d’oppressions qui l’articulent, les concepts qui nous feront lire cette culture de manière plus pertinente.
-inciter les hommes à prendre la parole à ce sujet, pour qu’ils apprennent à se remettre en question et reconnaissent leurs errements, leurs privilèges, leurs participations, qu’elles soient actives ou minimes, à cette culture du viol.
– donner les moyens à notre société pour bâtir un « être-ensemble » basé sur des valeurs humanistes et bienveillantes, bâtir une société qui ferait la part belle à l’expression de nos émotions, car il est urgent de les lire et de les dire. Transformer une société c’est d’abord se transformer soi, pour nous transformer nous tou.t.e.s.
On vous invite à visionner le témoignage d’Adèle Haenel, si vous ne l’avez pas fait. Serrons-nous les coudes, sororellement !
Clotilde, Cécile, Diane, Morgane, Julia, Aurélie et Camille, salariées et co-présidentes de Difenn